☆ Une star dans la place ☆

Lorsqu'on veut consulter le panneau d'affichage, on doit se rendre dans le Hall de l'école. C'est ce que fit Rinji, préoccupé par le besoin de savoir s'il y avait des cours prochainement, histoire de se préparer mentalement à cette idée. Après une enfilade de couloirs et d'escaliers, Rinji s'approcha donc de ce qui était certainement l'une des plus grandes pièces de l'école.

"Personne n'est là pour accueillir l'incroyable, que dis-je, le magnifique Tata ? Serait-il fous dans cette école ?"

Rinji haussa un sourcil en entendant cette phrase étrange et dénuée de toute modestie. A qui parlait cette personne ? Rinji n'allait pas tarder à le savoir car il arriva enfin dans le hall. Il n'y avait qu'un homme, un blond aux cheveux longs, habillé d'un pantalon en velours tacheté comme le corps d'une panthère, et des yeux cachés par des lunettes noires. Même le débardeur noir, qu'on aurait pu croire simple et sobre était en cuir et moulait allegrement le torse de l'individu. Rinji détourna vite le regard de l'homme et fit comme s'il n'avait rien entendu. Il se plongea avec concentration dans l'étude du moindre détail de ce panneau d'affichage. Mais toute son attention était portée vers l'arrière, sur l'homme qui se tenait à quelques mètres derrière lui.

Rinji entendit les pas de l'homme se rapprocher dans sa direction. Ses yeux se mirent à parcourir le panneau d'affichage en cherchant désespérément à s'accrocher à quelque chose à lire ou à prétendre à lire. Il ne trouva que le plan des issues de secours. Intéressant et utile en cas de pépin. Il y en avait une pas loin d'ici. C'était bon à savoir.

"Alors,alors... Petit chat, ne m'as-tu pas vu ? Ne réponds pas, tu risquerais de me vexer."

Petit chat ? Que cela lui plaise ou non, l'homme était venu lui parler. La façon dont il l'abordait était étrange mais correspondait assez à l'image que son look renvoyait. Une personnalité sûre, et un tantinet exubérante. Rinji n'était pas là pour juger qui que ce soit, mais il avait ses propres repères pour savoir s'il arriverait à communiquer avec telle ou telle personne. Avec ce blond, ça ne s'annonçait pas de tout repos.

"Je suis la solution à tout tes problèmes,*ça m'étonnerais* je suis l'unique Tabito Sama. *Unique ? ouf* Allons, allons, modère tes ardeurs, jeune polisson et sois donc bien aimable de m'indiquer mes locaux. Ou peut être le bureau de votre Dieu à vous autres."

Si Rinji n'était pas si tendu à l'idée de parler avec quelqu'un, il aurait sourit face aux paroles amusantes de ce Tabito. Il avait l'air bien sûr de lui en tout cas. Un ego bien développé, mais il en faut, afin de pouvoir guider les gens comme Rinji. Le visage de l'étudiant restait figé. Il observait l'individu de son regard renfrogné. Il avait trois solutions :
- Lui répondre qu'il ne savait pas lui même où se situaient ses locaux ou même le bureau de ...Dieu.
- Le conduire à travers les couloirs sans parler, mais sans savoir où aller non plus.
- Lui répondre qu'il ne savait pas où ça se situait mais lui proposer son aide malgré tout.

Pour la troisième, Rinji ne serait pas assez courageux pour tout ça. Rien que l'idée d'ouvrir la bouche le m'était déjà très mal à l'aise. Rinji n'était pas de mauvaise volonté pour aider les gens, mais comme cela passait souvent par de la communication avec autrui, c'était difficile pour lui. Il lui restait la quatrième solution, la solution bonus :
- Fuir à toutes jambes vers l'issu de secours et s'arranger pour fugué du pensionnat afin de ne pas avoir à affronter les reproches de cette personne.

La première solution était peut-être la plus raisonnable de toutes.

"Désolé ... Je ... je sais où c'est."

Dire qu'il avait préparé une belle phrase du genre "désolé monsieur mais je ne peux pas vous renseigner. J'ignore où se trouvent ce que vous me demandez." Il avait compacté au maximum sans le vouloir pour éviter de bafouiller.

"Tu t'excuses de savoir où c'est ? Voilà qui n'est pas commode. Ne voulais-tu pas dire que tu ignores où ce que je cherche se trouve ?"

Rinji et sa foutu traitresse de langue. Il avait oublié LE mot qui aurait pu le liberer de cette rencontre. Rinji commençait déjà à préparer d'autres phrases pour se sortir de là mais le blond avait une langue bien plus rapide que la sienne et il dégaine à nouveau :

"J'ai besoin de compagnie toutefois. Un homme aussi beau que moi errant dans les couloirs d'une école aussi sordide, c'est un appel au viol. Ne troublons pas plus les élèves qui pourraient rôder dans les couloirs. Viens avec moi."

Rinji écarquilla les yeux tellement il trouvait les propos de ce type hallucinants. Il l'emmenait avec lui pour se protéger ? Non c'était un prétexte. Évidemment que ça en étais un. Pourtant Rinji ne trouva rien de mieux à dire que :

"Mais... je suis un élève moi aussi."

Il n'en ratait pas une. L'autre homme allait croire qu'il le mettait en garde sur l'éventualité que Rinji aussi serait capable de violer ce blond dans les couloirs sordides...

"Enfin c'est pas ce que je..."

Ouais ouais... Ta gueule Rinji. Surtout ta gueule ! L'étudiant préféra effectivement se taire et suivre ce type très bizarre plutôt que de continuer à dire des conneries par maladresse.

"Aurais-tu l'amabilité de me dire ton nom, gentille petite biche farouche ? J'aimerais bien savoir l'identité de celui qui est mon sauveur."

Rinji devait continuer à faire des efforts. On lui demandait de se présenter. Y arriverait-il sans fourcher ? Tentative :

"Hayama Rinji."

Bien. Même si la voix n'était pas encore très assurée.

"Tu m'as l'air bien nerveux et bien gauche, mon jeune ami. Tu te doutes bien évidemment que je suis ouvert à toutes propositions."

*Hein ?*

Rinji ouvrit de grands yeux surpris. De quoi cet homme parlait-il au juste ? Quand on disait se genre de chose généralement on pensait... sexe ? Comme s'il lisait dans ses pensées, l'homme prit un air réprobateur :

"Allons, allons, que vas-tu imaginer. Je parlais bien sûr de parler, de thérapie. Il y a tellement de façon d'aborder les problèmes, je me demandais seulement laquelle serait ta préféré."

L'homme s'arrêta de marcher.

"Mais, diable ! Où allons-nous donc ? Cette école n'en est pas une, c'est un labyrinthe, n'est-ce pas ? Et les cadavres des voyageurs perdus servent à
nourrir je ne sais quel maître. Tu fais un bien piètre guide, jeune homme."

ça au moins, Rinji était d'accord sur ce point. Il aurait bien aimé lui dire qu'il s'était planté quand il avait ouvert la bouche. Qu'il ne savait pas du tout où ils allaient etc... Mais rien ne sortit, tellement Rinji se sentait con. Y avait-il une issue de secours dans le coin, par laquelle Rinji aurait pu fuir cette situation ? Non ? Tant pis... Heureusement, Rinji pointa du doigt une porte où on pouvait lire "Bureaux de la Direction".

"C'est là."

Au moins, ils avaient trouvé le bureau de "Dieu".

"Je n'ai plus qu'à... vous souhaiter... bonne chance... 'fin bienvenue."

Rinji marchait déjà à reculons dans le couloir, baissant la tête en guise de salut.