ça commence bien ... [Terminé]

Michiru s'ennuyait profondément, la tête contre la vitre du bus, il regardait défiler le paysage sans être vraiment intéresser. Cela n'avait rien à voir avec ce qu'il voyait dehors, c'était magnifique Nagasaki, même si on faisait mieux. Et en plus, il n'avait pas plus envi que ça d'être à Nagasaki. Il s'était retrouvé ici parce qu'on lui avait dit d'y aller et qu'il n'avait pas répliqué. On avait commencé à l'accuser d'avoir frapper ce garçon qu'il connaissait à peine sans la moindre raison alors qu'en réalité, il y avait toute une histoire derrière. Mais il savait que tout le monde dans sa famille attendait une occasion comme celle-ci pour se débarrasser de lui et que, peu importait ce qu'il aurait dit, personne ne l'aurait cru. Il avait donc été plus facile de rester silencieux et d'écouter ce qu'on lui reprochait comme un brave petit garçon. Pour une fois qu'il acceptait de se conduire comme tel, autant dire que les autres ne s'étaient pas gênés pour lui dire ses quatre vérités. Immature, désagréable, égocentrique ... Les critiques avaient fusé et les remarques du psychologue n'avait pas vraiment aidé à calmer tout ce joli petit monde déjà bien remonté contre lui. Et au final, on lui avait trouvé un sympathique petit trouble de la personnalité, motif visiblement suffisant pour l'envoyer vois ailleurs s'ils y étaient.

Et en même temps, Michiru avait autant envi de se débarrasser de sa famille que le contraire donc tout allait merveilleusement bien pour lui, à part qu'il n'avait pas plus envi que ça d'aller à l'institut Ichiyo. Qu'est ce que ça allait bien pouvoir changer de toute façon ? Il avait entendu dire par le psychologue que, de toute façon, les thérapies n'auraient aucun effet sur lui. Il voulait l'isoler ? Grand bien leur en faisait, ça pourrait presque être amusant au fond. De nouveau professeur à enquiquiner et des élèves un peu moins ordinaires que ses anciens camarades de classe. En même temps, il s'en fichait un peu au fond, ce n'était pas comme s'il envisageait de discuter avec tous les élèves pour se trouver un meilleur ami, il n'était pas là pour ça. Mais les cours serait certainement plus intéressant ici que dans son ancienne école, remplis d'élève coincé qui faisait tout ce qu'on leur demandait dès qu'on avait un ans de plus qu'eux. Sous prétexte que Michiru n'écoutait pas ce que racontaient ses ainés, il s'était rapidement retrouvé isolé du reste de la classe là où il était avant. Tout le monde était tellement à cheval sur les conventions, ça en devenait vraiment stupide voir même risible parfois. Et dès qu'on agissait pas comme les autres, tout de suite, on avait des troubles du comportement et on se retrouvait dans un train en direction de Nagasaki puis dans un bus qui allait vers l'institut Ichiyo.

Michiru décolla son front de la surface froide où il l'avait posé pour éviter d'être malade durant le transport et récupéra la valise qu'il avait posé à ses pieds et le sac à dos qui avait balancé nonchalamment sur le siège à côté de lui. Son arrêt était en vu et il n'avait pas l'intention de le louper. Il avança parmi les gens qui avaient passé le voyage debout et s'arrêta devant la porte qui ne tarda pas à s'ouvrir. Derrière lui, il entendait le conducteur du bus grommeler quelques paroles incompréhensible qui lui passèrent au dessus de la tête. C'est bon, il avait compris que, normalement, les bagages encombrant devait être déposé dans la soute (c'était un bus-car ?) mais ce n'était pas pour autant qu'il allait mettre sa précieuse valise au milieu de tant d'autre. Ah, et il y avait aussi eu le problème de son sac à dos qu'on lui avait demandé de faire dégager parce qu'il prenait trop de place. Les gens pouvaient bien rester debout, ils n'avaient que quelques arrêts à faire. Pourquoi aurait-il dû libérer sa place alors qu'il était là avant ? Franchement, parfois, il ne comprenait pas les gens qui l'entourait. "Juste parfois ?" lui chuchota la petite voix dans sa tête, ce à quoi il répondit mentalement, "d'accord, toujours". Puis il soupira et fouilla son sac à dos à la recherche du plan qu'il avait reçu.

Dix minutes de marche ! C'est le temps qui lui avait été nécessaire pour arriver à l'institut ! Et pourtant, il avait bien suivit le plan ! Et le pire c'est qu'il découvrit, pas très loin, un autre arrête de bus, beaucoup plus proche de sa destination ! Ses parents, non contente de se débarrasser de lui, avait raconté n'importe quoi à propos de la station à laquelle il fallait descendre ! Quoi ? Qu'il se soit trompé ? Absolument exclus ! Il ne se trompait jamais, enfin presque. L'erreur venait forcément de ses parents ! Franchement, on avait pas honte de raconter des bêtises à son fils alors qu'on l'envoyait, déjà, en maison de rééducation ? Et voilà qu'il se remettait à penser à cette bêtise. Comme s'il avait vraiment besoin d'aller dans un centre spécial pour enfant à problème ! Il n'avait pas le moindre problème ! Il avait frappé un garçon dans un parc public ! Qui n'avait jamais fait ça ? Bon, d'accord, peut être pas au point de le faire saigner mais c'était un truc qui était arrivé à tous les ados ! Qu'est ce qu'on allait lui casser les pieds avec ça ?! Il shoota dans un caillou qui passait par là, se demandant s'il était juste irrité ou carrément énervé.

La crise passée, enfin presque, il poussa la porte de l'institut. C'était démesurément grand par apport à ce dont il avait l'habitude. En même temps, il avait tendance à vivre dans sa chambre, ce qui expliquait peut être qu'il trouve l'endroit immense. En tout cas, il y avait un gros problème dans cette histoire. Il ne doutait absolument pas de son sens d'orientation par contre, il était presque sur que la carte n'était pas bonne et qu'il allait se perdre. C'était toujours comme ça après tout. Mais, ayant une petite lueur d'espoir d'avoir une carte juste, il fouilla son sac à la recherche du morceau de papier qu'il avait jeté à l'intérieur en même temps que le plan du quartier. Où était-il ? Ah, ça devait être ça ! Avec un gros doute, il tira la feuille vers lui. Il s'en doutait. C'était le truc dont il s'était servit pour cracher son chewing-gum sans goût avant d'en prendre un nouveau. Donc, il n'avait plus de plan. Il n'avait qu'à y aller en free-style. Il poussa un petit soupire exaspéré et remis son sac sur son dos. Premier chois, droite ou gauche ?

Droite ou gauche. Le premier choix de Michiru dans l'institut qui était sa nouvelle maison, mais non le moindre. Et ce plan qui ne voulait pas s'ouvrir. Bon, d'accord, mettre un chewing-gum sur le coin n'avait pas été la chose la plus intelligente qu'il eu fait de sa vie mais tout de même, il ne comprenait pas qu'il refuse de faire ce qu'il lui demandait. Stupide morceau de papier va. Il se débrouillerait bien sans lui. En plus, il était à peu prêt sur qu'il était plein d'erreurs. Mais en même temps, sans un plan, il ne pouvait compter que sur son instinct et, même s'il se faisait confiance, il avait un peu peur du résultat, malgré tout. Il allait bien finir par obtenir un résultat quand même, à force de patience. Sauf que la patience n'était pas vraiment sa principale qualité et qu'en moins de cinq minutes, il déchira le plan dans l'espoir d'y voir plus clair. Il n'en avait plus que la moitié mais, au moins, maintenant il était ouvert, ce qui rendait la lecture drôlement plus facile. Il ne lui restait plus qu'à espérer que l'entré et sa chambre n'était pas sur la partie qui avait été rageusement arraché et qui trainait maintenant par terre.

"J'peux t'aider ? J'suis le directeur de la pension. Tu cherches sûrement ta chambre, c'est ça ? On m'a prévenu de ton arrivée."

Michiru leva les yeux de son papier et dévisagea celui qui s'était présenté comme le directeur. La première chose qui lui passa dans la tête fut "un géant", la seconde fut "avec des cheveux d'une couleur bizarre pour son âge". S'il y avait bien une chose que Michiru n'aimait pas chez lui, c'était sa petite taille. A cause d'elle, il avait tout le temps l'impression d'être rabaissé et qu'on lui rappelait sans cesse qu'au fond, il n'était encore qu'un gosse. Et surtout, il était obligé de lever la tête pour voir correctement les gens, ce qui était déjà assez désagréable comme ça et qui donnait des torticolis s'il insistait trop, ce qui n'arrivait jamais. Alors c'était ce géant le directeur ? On l'avait prévenu de son arrivé et il était venu pour le guider ? Mouais, il avait surtout dû s'apercevoir que son plan était mal fait et qu'il avait intérêt à faire quelque chose à ce sujet. Parce que Michiru n'avait jeté d'un rapide cou d'œil au papier mais ça lui avait suffis pour le juger incompréhensible.

Michiru regarda le directeur éteindre sa cigarette dans une plante et haussa un sourcil. Le jour où il avait jeté son chewing-gum dans le jardin de sa mère, on lui en avait fait tout une histoire alors pourquoi est-ce que, lui, il avait le droit de ne pas "respecter la nature", comme disait ça mère ? Décidément, il n'aimait pas les adultes. Il regarda ensuite le directeur hausser les épaules sans vraiment comprendre ce qu'il essayait de lui dire par là, et de toute façon, il s'en fichait, puis il reporta son attention sur le plan déchiré qu'il n'avait pas lâché. Peut être que ça valait le coup de lui dire qu'il avait intérêt à engager un meilleur cartographe, ou peu importait le nom de la personne qui dessinait les plans.

"Alors ?"

Il releva la tête, au grand malheur de son coup puisque le directeur était vraiment grand. Alors quoi ? En plus, il lui avait juste dit qu'il était directeur, il ne lui avait pas donné son nom. Il s'en fichait bien de connaitre son nom en vérité mais il trouvait injuste que l'autre le sache et pas lui. En même temps, il n'était même pas sur qu'il connaisse son nom au fond. Peut être qu'il n'avait même pas lu son dossier d'inscription. Et il en revenait au même problème qu'avant. Alors quoi ? Est-ce qu'il pouvait l'aider ? Bah en même temps, il devait mieux connaitre les lieux que lui qui venait d'arriver. Est-ce qu'il cherchait sa chambre ? Il n'était pas en train de chercher la sortie en même temps.

"Alors quoi ? Je ne vois pas vraiment ce que je pourrais chercher d'autre que ma chambre."

On pose de ses questions stupides parfois je vous jure. Et on répond aussi parfois de façon complètement stupide mais généralement, on s'en fiche, comme à ce moment là, Michiru qui poussa un petit soupire en roulant en boule le plan inutilisable avant de le remettre dans son sac.

"Comment je dois vous appeler ? Monsieur le directeur ? Ou vous avez un nom ?"

Oui, c'était vraiment trop injuste que ce géant soit au courant de toute sa vie alors que lui ne connaissait même pas son nom, et il avait bien l'intention de rattraper cette injustice !

Le sourire de "monsieur le directeur" semblait un peu forcé et Michiru se demanda un moment pourquoi est-ce qu'il ne l'envoyait pas balader au lieu de faire semblant de rien. Puis son poste au sein de l'établissement lui revint en tête en il se dit que le directeur ne pouvait pas décemment dire à un nouvel élève de se débrouiller tout seul parce qu'il le gonflait. Il devait quand même avoir un sacré self contrôle ce monsieur pour être capable de supporter tous les sales gosses qui fréquentaient l'institut. Ou alors, il n'avait pas le choix et il était juste très doué pour jouer la comédie. Dans les deux cas, il n'avait pas l'air particulièrement ravi d'être là avec lui visiblement et, dans sa grande innocence, Michiru ne comprenait absolument pas pourquoi. Il avait posé une question des plus banales, il n'y avait pas de quoi en faire un plat. Bon, il aurait pu y mettre la forme et faire ça d'une manière un peu plus délicate mais il n'était pas non plus dans un cours pour apprendre la politesse. Et puis de toute façon, il ne savait même pas ce que voulait dire le mot "politesse", il en avait vaguement entendu parlé mais de là à le mettre en pratique ... C'était un peu comme d'autre mot tout aussi compliqué qu'il avait préféré ne pas apprendre. Il le regarda ensuite soupirer à sa question et se dit qu'il n'aurait probablement pas de réponse.

"Vu comment tu demandes ça, je pense que tu peux continuer à m'appeler monsieur le directeur. Mais je suis sûr que tu trouveras tôt ou tard un quelconque surnom à me donner, je m'en fais pas pour ça ! Pourquoi pas "Le chieur" ou "Vieux con" ? J'te fais confiance, hein ?"

Donc, c'était "monsieur le directeur" pour le moment. Il ne se sentait pas d'humeur à lui inventer un surnom et ceux qu'il proposait étaient tellement basique et peu original que, jamais, il n'aurait osé les utiliser. Le directeur se dirigea ensuite vers un couloir, à la complète opposé de celui qu'il aurait choisi pour aller vers les dortoirs et Michiru resta sans bouger, ce demande s'il attendait quelque chose de lui ou s'il retournait dans son bureau, lassé de cet entrevu. Il eu rapidement la réponse à la question qu'il se posait mentalement.

"T'as bousillé ma bonne humeur... Mais bon, je suppose que te laisser là en plan, ce serait pas très sympa, aussi bien sur le plan humain que pour ma réputation. Surtout pour ma réputation. Donc remue-toi et suis moi."

Ah, parce qu'il était de bonne humeur avant ? C'était bon à savoir si, un jour, il avait quelque chose à lui demander. Quoi qu'il en soit, Michiru ne pouvait pas le détromper, le laisser ici, ça ne serait pas joli joli pour sa réputation en tant que directeur, surtout s'il se mettait à crier partout qu'on l'avait abandonné à son triste sort dans le hall d'entrée. Sauf que pour propager une rumeur, il fallait parler aux autres et ça, Michiru avait bien décider d'éviter, autant que possible, d'avoir à le faire. Il referma rapidement son sac à dos qu'il remis à la place qu'il n'aurait jamais dû quitter et attrapa sa valise et commença à avancer pour rester derrière le directeur, dont il ignorait toujours le nom, histoire de ne pas le perdre de vu et d'être de nouveau perdu. Il sursauta presque en entendant de nouveau sa voix. Il n'aurait pas cru qu'il accepte de lui parler à nouveau puisqu'il avait ruiné sa bonne humeur.

"Sinon, tu t'appelles comment ? Je ferais l'effort de m'en souvenir."

Alors il ne connaissait pas son nom ? Il n'avait pas lu son dossier ou il n'en avait tout simplement rien à faire ? Quoi qu'il en soit, il hésita un moment à répondre. S'il ne lui disait pas, il serait à égalité au niveau des informations ... Mais en même temps, il était bien capable de lui trouver un surnom bidon qui ne lui plairait vraiment pas.

"Kazushiro Michiro. Et je suppose que je n'ai toujours pas le droit de connaitre votre nom par contre."

Et bizarrement, il avait aussi l'impression qu'il supposait juste. S'il avait juste à se présenter pour que le directeur le fasse à son tour, c'était un peu trop simple quand même. Et de toute façon, au fond, son nom ne l'intéressait pas, ce n'était pas comme s'il allait passer sa vie avec lui et qu'ils avaient intérêt à faire ami-ami.

"A croire que tu supposes mal, Michiro-kun. Pour peu que tu fasses un effort de politesse, tu l'obtiendras. On va dire, dans ce cas-ci, que le fait que tu m'aie répondu est un effort."

Ah, une réponse bonne. Il avait entendu une fois que "l'espoir faisait vivre", visiblement, il permettait aussi d'avoir la réponse à une question de temps en temps. Il avait bienfait de décider de lui répondre si ça lui avait permis de connaitre, enfin, le nom du directeur, il n'avait peut être pas gâché de la salive pour rien finalement. Il remarqua aussi que le sourire du directeur avait changé et semblait franc maintenant. Il n'était plus de mauvaise humeur ? Voilà un homme à l'humeur plutôt changeante.

"Asano Kato."

Asano Kato ... Michiru murmura ce nom en continuant d'avancer. C'était un peu comme un trophée à ses yeux, le fruit de sa persévérance. Pour une fois qu'il ne laissait pas tomber quelque chose tout de suite après avoir essayé, c'était un une sorte de récompense et il devait avouer qu'il était plutôt content d'avoir réussi à obtenir une réponse. Pourtant, il était presque sur qu'il n'utiliserait jamais ce nom, puisque, dans la mesure du possible, il éviterait de parler au directeur (c'était toujours mieux dans ce genre d'endroit. Le contraire était généralement mauvais signe) mais le connaitre lui faisait plaisir. ça ne surprenait lui même. Il était tellement surpris qu'il décida d'oublier ça et se concentra de nouveau sur le directeur, Asano Kato, et sur le chemin qu'il prenait. Il fallait qu'il le retienne puisqu'il en aurait probablement de nouveau besoin.

"Je suppose que tu n'es pas venu de ton plein gré ici, c'est fort regrettable, d'ailleurs. Mais je ne pense pas voir un jour un élève heureux d'être ici."

En même temps, vu qu'il s'agissait d'un centre de rééducation, les gens qui venait difficilement de leur plein grès. Ou alors ils étaient complètement dingue ... Quoi que c'était possible en fait. Après tout, pour certains, il n'était pas lui même saint d'esprit après tout. Mais bon, les autres étaient des abrutis finis et il était parfaitement normal. C'était les autres qui étaient bizarre. Et quand il avait cru pouvoir se confier à quelqu'un et lui faire confiance, cela s'était terminé en bagarre et il était arrivé ici. La situation lui avait complètement échappé et ça l'énervait. Et maintenant qu'il y repensait, ça l'énervait de nouveau. Il aurait mieux fait de s'abstenir.

"J'espère toutefois que tu te plairas dans cet établissement. Hum... Tu n'as plus qu'à aller à sur ta gauche et après, trouver le numéro de ta chambre."

Il allait l'abandonner ici ? Et bien, il allait bien devoir se débrouiller tout seul ... Alors, à gauche et ensuite on cherche le numéro de sa chambre ... Le regard de Michiru se dirigea d'abord à droite puis il réalisa que c'était la mauvaise direction. Qui était l'andouille qui avait inventé la droite et la gauche ? Il n'arriverait jamais à s'y faire. Donc c'était de l'autre côté ... Ah, et c'était quoi le numéro de sa chambre déjà ? Ah et est-ce qu'il en avait la clé ? Mince ... Est-ce qu'elle lui avait été envoyé ou pas ? Parce que si c'était le cas, il devait l'avoir perdu et il était relativement mal ...

"Te sens-tu de taille à affronter cela seul ?"

Juste au moment où il s'apprêtait à demander poliment quelque chose, on pouvait dire qu'il n'avait pas de chance. Il haussa les sourcils montra sa droite avec un air victorieux sans se rendre compte de la boulette qu'il s'apprêtait à faire.

"Je suis pas un gosse, je sais très bien que c'est par là qu'il faut aller !"

Bon, ça c'est fait. Il ne réalisa son erreur d'une demi-seconde après l'avoir faite mais bon, le mal était fait et il devait avoir l'air fin. Il cacha son doigt derrière son dos et chercha quelque chose à répliquer. Est-ce que ce n'était pas le moment de dire merci ? C'était un truc qu'il n'avait encore jamais dit et il se voyait mal commencer maintenant juste parce que le directeur avait fait son travail. Puis le détail de sa clé qui lui était sorti de la tête à la suite du petit accident du chemin lui revint en tête et se lança. Il voulait de la politesse, il allait essayer dans ce cas, si c'était le seul moment pour avoir ses clés ...

"On a une clé spéciale pour la chambre ? Parce que je ne me souviens pas que mes parents m'en aient confié une avant que je parte."

Il se garda bien de préciser qu'il n'avait pas la moindre idée du numéro de sa chambre. Donc finalement, il avait joué les malins et il s'était bien ramassé. Non seulement il avait confondu sa droite et sa gauche mais en plus il ne savait pas devant quelle chambre s'arrêter. Visiblement, il n'était pas de taille à affronter ça tout seul.

Michiru n'était pas stupide, il voyait bien que le directeur était en train de rire, même s'il faisait de son mieux pour le cacher. C'est bon, ça arrivait à tout le monde de confondre sa gauche et sa droite ... Bon, d'accord, à 15 ans, c'était plutôt rare, mais ça arrivait encore de temps en temps. Quand on était un peu fatigué et que l'on ne faisait pas vraiment attention à ce qui se passait autour. C'était un peu gênant ce genre de situation mais c'était un accident tout ce qu'il y avait de plus banal. Non mais sérieusement, pas de quoi rire même si, au moins il avait le mérite d'essayer de ne pas le montrer. C'est pour cela que Michiru se contenta de serrer les poings sans rien dire.

"Hummm... Un peu plus et tu te retrouvais à la rue à cause de ma négligence, enfin n'exagérons rien mais tu fais preuve de perspicacité !"

Et voilà, une boulette partout, ils étaient quittes. Finalement, Il avait bien fait de demander si ils étaient censés avoir reçu la clé chez lui avec ça, il avait finalement réussi à rattraper sa bourde précédente à propos de la droite et la gauche. En effet, cela semblait désormais complètement oublié, à son grand bonheur. Il regarda donc le directeur fouiller sa poche arrière et en sorti rapidement un papier et une clé.

"Alors, tu es logé... Seul, petit veinard, enfin pour l'instant... Ouais, donc chambre 201 et voilà la clé."

Il le vit clairement changer d'avis en plein milieu alors qu'il allait lui donner la clé pour commencer à marcher dans le couloir en regardant les numéros des chambres. Il poussa même le vice jusqu'à insérer la clé dans la serrure, il le prenait décidément pour un gosse incapable de se débrouiller tout seul. Il avait compris son erreur, il aurait parfaitement été capable de se débrouiller tout seul finalement, même s'il y aurait eu quelques difficultés au début. Après tout, il suffisait d'aller toujours tout droit.

"Il me semble... A mon humble avis, que tu vas pouvoir te débrouiller seul maintenant, tu crois pas ? Enfin, si jamais t'as besoin d'aide, hésite pas à demander."

Sans laisser à Michiru le loisir de protester, il fit demi tour et lui fit un petit signe de main pour lui dire au revoir. Qu'est ce qu'il était censé répondre ? Hurler "au revoir" à son tour ? Non merci, c'était assez ridicule comme ça. Il se contenta donc de se frotter la tête et d'ouvrir la porte puisque la moitié du travail lui avait été bâclé. D'après le directeur, il était seul dans sa chambre "pour l'instant" ... Espérons que ce soit un long instant alors, il n'avait absolument pas envi de partager sa chambre. Il entra dans la pièce en soupira et posa sa valise dans le premier coin qu'il trouva. S'il était tout seul, autant en profiter pour prendre de la place. Alors c'était ici qu'il allait vivre à partir de maintenant ? C'était moins délabré qu'il l'avait cru en fait. Il ferma la porte d'un coup de pied et alla s'allonger sur le lit. Il y avait pire comme punition.

[Fini]